Écoconstruction : un pas vers une filière locale d’agro-matériaux
Sur le territoire du Sud Touraine, le potentiel agricole pourrait permettre de développer une filière de valorisation des matières végétales pour réaliser des travaux de réhabilitation de l’habitat. Avec la restitution de la thèse doctorale de Yoann Brouard sur l’utilisation de la canne de tournesol et le colza avec un liant à base d’argile, la filière commence à se constituer, teste les matériaux. Artisans, agriculteurs, chercheurs et collectivités publiques se mobilisent. Explications.
En des termes simples, l’objet de la thèse de Yoann Brouard : tester le potentiel d’un mélange de terre crue et de matériaux biosourcés issus du territoire pour restaurer des bâtiments anciens. Si l’utilisation de la chaux et du chanvre est déjà bien connue, la volonté de tous serait de développer une filière permettant d’utiliser les matières végétales du territoire du Sud Touraine : la canne de tournesol (écorce et moelle) et le colza.
Améliorer la mise en œuvre
L’interrogation portant sur la performance de ces agro-matériaux une fois broyés et mélangés à de la terre crue a reçu une réponse positive. Au niveau empirique, il reste à résoudre l’équation du séchage pour éviter l’humidité et à terme les moisissures. « Il faut encore optimiser la mise en œuvre », explique Yoann Brouard, auteur de la thèse doctorale. « Cette piste est très intéressante. Elle permet de valoriser des sous-produits agricoles, on pourrait fabriquer des matériaux pour isoler l’habitat ancien du Sud Touraine. Ce travail est une première pierre à l’édifice ! », s’enthousiasme Régine Rezeau, Vice-Présidente de la Communauté de Communes en charge de l’économie rurale et solidaire.
« Il faut encore trouver la bonne formulation pour exploiter ces agro-matériaux. Mais c’est très intéressant de pouvoir envisager une filière locale », mentionne Eric Julien, maçon privilégiant les matériaux naturels et sains, qui a participé au projet Biocomp.
Cette filière locale permettrait de privilégier les circuits courts, ainsi que des produits bas carbone.
Les agriculteurs se mobilisent
Les agriculteurs du Sud Touraine se sont impliqués dans le projet et réfléchissent déjà depuis plusieurs années au développement de cette filière. « Le tournesol est une culture de printemps dont nous avons besoin pour entretenir les terres mais qui n’est pas très rentable. Le développement d’une filière d’agro-matériaux est intéressant pour nous », explique Christophe Gélineau, agriculteur, membre du Groupement de Développement Agricole Loches-Montrésor.
La filière a besoin aujourd’hui d’artisans prêts à expérimenter ces nouveaux matériaux, mais aussi de particuliers désireux de rénover et isoler leurs habitations avec des enduits biosourcés.
Ce vaste travail de recherche a été engagé dans le cadre d’un appel à projet régional. L’Université François Rabelais de Tours, l’Université d’Orléans, l’artisan Éric Julien ainsi que la Communauté de Communes Loches Sud Touraine ont participé à ce projet expérimental.
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