Publié le 13/12/2016

L'écoconstruction, un vaste terrain de jeu pour Caroline Guilhot

L’architecte Caroline Guilhot, qui a installé son cabinet au sein du Pôle, a fait de l’éco-construction son sacerdoce. Formation, expertise, altruisme et bon sens : voilà ce guide son action au quotidien.

Intervention bénévole en milieu scolaire, comme avec cette classe de 6e du collège de Montrésor, organisation d’un chantier-école pour construire sa propre maison écologique, coups de mains à des clients en échange de cours de chant… Vous l’aurez compris, Caroline Guilhot a fait de son métier d’architecte un vaste terrain de jeu, propice à la rencontre et à l’échange. Née et ayant grandi à Paris, elle débarque en Touraine aussitôt ses études terminées. Une année dans un cabinet d’architecte tourangeau, puis une autre à la tête d’un service communal d’urbanisme, et elle se lance en architecte libérale, en 2002, avec l’aide d’un maître d’œuvre croulant sous le travail.


« Je me suis mise à travailler énormément, sans prendre le temps de me former, notamment sur l’éco-construction et l’éco-rénovation, thématiques que je souhaitais approfondir. La naissance de mon second enfant et ses soucis de santé m’ont conduit à réfléchir, à redonner du sens à mon activité… et à me former », témoigne Caroline Guilhot, qui a fini par créer en 2012, Rond comme un carré, son propre cabinet en association avec Nicolas Delbarre - « un chimiste de la construction » - par ailleurs vendeur de matériaux écologiques et formateur en utilisation de matériaux bio-sourcés.

"La formation est un vrai enjeu, pour les artisans comme pour le grand public"

Elle constate rapidement que trouver des matériaux sains, cela ne suffit pas. « Il faut bien les connaître, savoir les utiliser, les intégrer. La formation est un vrai enjeu, pour les artisans comme pour le grand public. » De conférences en chantiers-écoles, Caroline Guilhot donne de son temps et de son énergie pour transmettre le savoir qu’elle acquiert au fil des années. « Construire, c’est souvent le projet d’une vie, je considère qu’il faut une réflexion globale et j’accompagne mes clients en ce sens. Il y a des questions techniques à trancher, financières aussi, mais il ne faut pas négliger la dimension humaine, s’interroger sur l’habitat et l’environnement souhaités. Je prends du temps avec eux, parfois on travaille ensemble, on déjeune sur les chantiers, on se pose des questions philosophiques… »

« Le mot écologique est souvent galvaudé. Je préfère parler de bon sens. »

Sur la question de l’accessibilité financière de tels projets, Caroline Guilhot réfute l’idée de projets onéreux, hors de portée. « Construire un habitat traditionnel, avec une performance RT 2012, revient autour de 2000 € / m2. Mais on peut se réapproprier des gestes, se faire accompagner. Ma maison m’a coûté 1350 €/m2, en réalisant des choses par moi-même. Par ailleurs, j’ai investi seulement 500 € de paille locale pour isoler… Ne pas être dépendant des énergies, ne dépenser ce qu’il est utile de dépenser : le mot écologique est souvent galvaudé ; je préfère parler de bon sens. » La nature et le nombre de projets pour lesquels travaille l’architecte (extensions d’écoles, de mairies, construction de logements sociaux…) tendent à prouver que l’éco-construction ou l’éco-rénovation gagnent du terrain et les esprits, que les préjugés tombent un à un.

"Le Sud Touraine est un territoire en avance"

Et le Sud Touraine, dans tout ça ? « Il existe un beau potentiel. Même si cela ne sert pas mes intérêts, je préfère que l’on rénove l’ancien plutôt que l’on continue de construire ! C’est écologiquement plus responsable. Le Sud Touraine est un territoire en avance. Et puis tout est à portée de mains : terre, paille, bois de bardage… Sans compter que beaucoup d’artisans locaux sont convaincus, prêts à se former à l’utilisation d’agros-matériaux. Le pôle va permettre de changer d’échelle, de continuer à transmettre et faire rencontrer les différents métiers, répondre à des appels d’offre ensemble. Un bel outil de travail, un lieu de réflexion, de recherche et de développement… Tout ce qui nous fait briller les yeux ! ». Très investie, Caroline Guilhot se veut également optimiste : « des projets d’immeubles de paille de huit étages se font désormais, il faut arrêter d’avoir peur du grand méchant loup ! ».