Publié le 14/12/2016

L'écoconstruction au microscope

Loches Sud Touraine est partenaire du projet de recherche appliquée, Biocomp, aux côtés d’une université (Polytech Tours et Orléans) et d’une entreprise (le maçon Eric Julien), pour faire aboutir une thèse réalisée par Yoann Brouard.

Installé au Centre d’étude et de recherche sur les matériaux élastomères (Cermel), à Joué-lès-Tours, qui dépend du Laboratoire de mécanique et rhéologie (LMR), le doctorant Yoann Brouard travaille depuis janvier 2015 sur « les technologies de l'efficacité énergétique pour la construction et la rénovation des bâtiments », et plus précisément  sur « la caractérisation et l’optimisation de la formulation d’un composite biosourcé à base de terre crue et de granulats végétaux pour l’isolation thermique et acoustique du bâti existant ». Explications.

Quel a été votre parcours jusqu’ici ?

Y.B. : « J’ai obtenu il y a une quinzaine d’années un DEA « Chimie du solide et science des matériaux », avant de bifurquer vers l’humanitaire pendant huit ans, notamment à Haïti. Puis en 2010, j’ai cherché une reconversion, j’ai obtenu un Licence professionnelle « Conduite de projets en éco-construction » et j’ai intégré l’association Alter’Energies, à Chambray, en tant que chargé de mission éco-construction et éco-matériaux, et ce pendant cinq ans. »

Comment avez-vous intégré le projet Biocomp ?

Y.B. : « Cette reprise d’études n’était pas forcément prévue au programme mais, lorsque j’ai eu connaissance de l’appel à projets de la Région, l’idée a fait son chemin. Le sujet me plaisait, ce panel de partenaires et cette démarche de territoire également. Je connaissais bien le Lochois et le Sud Touraine puisque beaucoup d’adhérents d’Alter’Energies y résident. Et le directeur de cette thèse, le Professeur Mohan Roganatan, réside à Mouzay. »

Quelles sont les grandes étapes de cette thèse démarrée en juin 2015 ?

Y.B. : « Il a fallu définir précisément le sujet à mon arrivée. J’ai proposé quelques orientations. La première année fut consacrée à des recherches bibliographiques en lien étroit avec le sujet et les liens connexes. Cela a drainé quelques contacts, sur d’autres territoires. Je me suis plongé dans des travaux qui, pour la plupart sont très récents, les plus anciens ayant vu le jour autour de 2005. Ceux qu'abordent l’association « terre et végétaux » datent de 2010, pour les premiers.  
Ensuite, il a fallu envisager les premiers essais et s’équiper en conséquence, notre lieu de recherche (Cermel) à Joué-lès-Tours étant davantage habitué à traiter des sujets comme le caoutchouc, le recyclage de pneumatiques… Nous avons également réalisé des essais à Orléans. Et puis il faut avancer sur les prérequis permettant de présenter nos travaux dans des conférences internationales, la rédaction d’un article et argumenter sur l’intérêt scientifique, l’originalité et l’intérêt de cette thèse. »

« Créer une grille de lecture pour que chaque territoire puisse s’en emparer et développer sa propre filière »

Où en est-on aujourd’hui, à l’amorce de cette troisième et dernière année ?

Y.B. : « Elle va être marquée par des travaux de modélisation, de simulations numériques. Prédire, à l’aide d’un logiciel, les comportements des matériaux, selon leurs caractéristiques, mais aussi comparer leurs performances par rapport à des matériaux déjà existants… En ce moment, nous réalisons des échantillons, travaillons sur des parois complètes (murs, isolants et enduits de finition), mettons des capteurs en faisant varier l’humidité, et nous testerons bientôt les propriétés acoustiques… C’est une étape de validation scientifique du travail réalisé jusqu’ici. Nous allons donc récupérer des données sur les comportements thermiques, hydriques, acoustiques, qui pourront être utilisées par les bailleurs, les artisans…"

Quel avenir envisagez-vous pour vos travaux ?

Y.B. : « Ce projet - plutôt rare et atypique, de par la composition de ses partenaires et des métiers, notamment - va continuer à se développer. L’implication des agriculteurs va permettre une diversification de matériaux, de nouvelles pistes. Je ne sais pas si cela débouchera sur un projet à grande échelle. A titre personnel, j’aimerais que soit créée une grille de lecture, permettant à chaque territoire de s’en emparer, de développer sa propre filière, selon le type de terre et de végétaux que l’on peut y trouver. »