Comme un poisson dans l’eau, au milieu des vieilles pierres
Pisciculteur de formation, Jérôme Rouché s’est reconverti avec brio : en 10 ans, son entreprise de maçonnerie est devenue une référence en matière d’éco-rénovation en Sud Touraine.
C’est en élevant des poissons qu’on devient… maçon. Le parcours de Jérôme Rouché se veut quelque peu atypique. Originaire de Poitiers, c’est au début des années 2000, son BTS Aquaculture en poche, qu’il vient s’installer avec sa compagne en Sud Touraine. Il loue alors une pisciculture avec 20 ha d’étangs à gérer mais il est contraint de prendre le chemin de l’usine au bout de deux ans. En parallèle, il retape la vieille bâtisse que le couple a acquis. « J’y ai pris beaucoup de plaisir et l’idée de me reconvertir a vite germé. J’ai commencé à trouver des petits travaux d’électricité, de maçonnerie, de plâtrerie, des missions que les artisans du coin n’arrivaient pas à assumer », se remémore-t-il. Puis il réalise ses premiers aménagements de combles et la machine s’emballe : Jérôme Rouché embauche son premier salarié, peu de temps après, en 2006.
L'éco-rénovation, un terrain de jeu
Il décide alors de se former à l’éco-rénovation. Par conviction, plus que par opportunisme. « Je viens de la biologie aquatique, j’ai une sensibilité. » Il sollicite ainsi A2ME (Amboise Maisons Matériaux écologiques), aujourd’hui fournisseur et partenaire de son entreprise, et apprend beaucoup de deux pionniers en matière d’éco-rénovation dans le département : Francis Gouas, l’actuel président de la Capeb 37, et Dominique Frelon, charpentier-couvreur avec lequel il travaille en groupement aujourd’hui. "Nous attendions tous les deux avec impatience le Pôle éco-construction et le dispositif [J’éco] rénove ! ». Pour parfaire sa formation, à cette époque, il reprend de nouveau… sa propre maison. Dans les règles de l’art cette fois, et avec des matériaux plus nobles. Un terrain de jeu et d’expérimentation pour Jérôme, qui se considère « en formation continue ». Avant d’ajouter : « j’ai isolé sur 30 m2 avec un mélange chaux / chanvre, ce qui m’a permis de passer de 16 à 7 stères de bois pour chauffer ; convaincant, non ? ».
« Il faut d’abord savoir comment vivent ces maisons, on observe, on laisse respirer les murs, souvent gorgés de sel, on démolit doucement, pour pouvoir retrouver les traces de l’histoire… »
Aujourd’hui, son entreprise de rénovation générale réalise un chiffre d’affaire de 300 000 € et emploie trois personnes : un plaquiste / plâtrier, un menuisier de formation et un jeune sortant d’un bac pro maintenance du bâtiment, tous sensibilisés à l’éco-rénovation et formés chaque année. Que de chemin parcouru depuis le prévisionnel de 30 000 € pour l’année 2006…
Pourtant, Jérôme Rouché ne part pas tous azimuts. « J’accepte les projets de rénovation où notre plus-value est nécessaire, souvent de longs chantiers. On nous sollicite souvent par conviction, car nous prônons la maison multigénérationnelle. Mais il faut toujours convaincre, présenter des tableaux de retours sur investissements, des études thermiques… Ces maisons demandent donc de l’attention et ensuite, il faut du temps pour recréer un endroit sain et durable. Il faut d’abord savoir comment vivent ces maisons, on observe, on laisse respirer les murs, souvent gorgés de sel, on démolit doucement, pour pouvoir retrouver les traces de l’histoire… Nous essayons d’apporter beaucoup d’inertie dans ces maisons, nous travaillons avec l’effusivité des matériaux, nous utilisons de la laine de bois, de la ouate de cellulose, préconisons des ventilations doubles flux… »
La phyto-épuration en plus
Autre corde à l’arc de Jérôme Rouché depuis quelques années : son expérience dans l’aquaculture lui a permis de développer la phyto-épuration, via le réseau Aquatiris, pour lequel il installe des systèmes d’assainissement individuels et semi-collectifs. « C’est une technique d'épuration par cultures fixées de bactéries - quel que soit le type d'assainissement, ce sont toujours des bactéries qui assurent l'épuration en consommant les polluants-nutriments - sur support ou massif végétalisé. Dans nos campagnes, le tout-à-l’égout n’étant pas toujours fonctionnel, il y a du potentiel. Cela représente aujourd’hui 20 à 25 % de mon activité. »