Dominique Frêlon, l’artisan avec une longueur d’avance
Paulmy, charmant village du Sud Touraine. Dominique Frêlon y est né et c’est ici qu’il dirige depuis 1987 une entreprise de charpente-couverture-zinguerie issue de cinq générations de charpentiers. En 2014, il est élu premier édile après plusieurs mandats comme conseiller municipal. Autant dire que l’homme a les pieds solidement ancrés dans son terroir. Une force qui lui a souvent permis de dépasser les frontières pour voir plus tôt, plus loin. Écoconstruction, management, mutualisation et même économie circulaire, l’artisan a toujours eu une longueur d’avance.
Dominique Frêlon n’a jamais eu de difficultés pour recruter, « les jeunes se présentent d’eux-mêmes pour venir travailler et mes gars restent ». Certes, sa petite entreprise jouit d’une belle notoriété en Indre-et-Loire et dans les départements limitrophes de l’Indre et de la Vienne, mais c’est surtout le charisme et l’allant du patron qui ont attiré les 12 salariés que compte à ce jour la société. Spécialiste des charpentes et couvertures traditionnelles du bâtiment ancien ou des monuments historiques, la famille Frêlon a toujours travaillé dans le plus grand respect du patrimoine et des ressources locales. « Jusqu’en 2000, nous étions les seuls à avoir une scierie, nous utilisions notre propre bois qu’on coupait dans la région. On a appris à ne jamais jeter un bout de bois, à tout récupérer ! On a fermé la scierie mais notre état d’esprit n’a pas changé » raconte Dominique Frêlon.
L’écoconstruction, par nature et par curiosité
Le charpentier palmisois a toujours respecté les codes de l’écoconstruction bien avant qu’elle ne devienne une mode et fait preuve du bon sens naturel et paysan qu’on appelle aujourd’hui l’écologie. « En travaillant dans la restauration, on a cherché des systèmes d’isolation qui respectent les bâtiments et l’on connaît depuis longtemps les vertus de la laine de bois, de la paille ou du chanvre » explique le chef d’entreprise qui a été l’un des tout premiers éco-artisans, engagés dans l’amélioration des performances énergétiques de l’habitat. L’église d’Abilly, le Château de la Celle-Guénand, des charpentes de longères ou simples maisons anciennes… la SARL Frêlon réalise 80% de ses chantiers en restauration. Pour le reste, elle créé de toutes pièces des hangars agricoles et artisanaux ou des agrandissements de maisons en ossature bois, avec pour certaines, la mise en œuvre d’une isolation en paille. « J’ai fait une formation sur les toitures végétalisées en 2009 puis un formation sur l’isolation paille en 2013, j’aime bien découvrir de nouvelles choses et quand ça me plaît, je me lance ! ». En 2014, l’entreprise prend rapidement ses marques dans un tout nouveau bâtiment entièrement bioclimatique, intégralement isolé en laine de bois, paille et chanvre et recouvert d’une toiture végétalisée : « c’est tout notre savoir-faire qu’on expose ici mais c’est avant tout notre espace de travail : bureaux, ateliers, stockage… » présente fièrement Dominique Frêlon.
Artisan-manager
L’homme aime les challenges, ce bâtiment en était un. C’est aussi un précurseur. Il est à l’origine, avec d’autres artisans, de la coopérative d’achat Triangle 37 basée à Sublaines : « on était 37 au départ, j’ai fait partie des premiers, nous sommes 154 coopérateurs en 2015, des charpentiers, couvreurs, menuisiers et agenceurs ». Ce qui l’a séduit : « les prix sont négociés en début d’année, on commande par internet et on est livré le lendemain, c’est très pratique ! Mais ça ne m’empêche pas de travailler avec des scieries locales ». A l’initiative de son épouse, Line, ancienne infirmière et aide comptable dans la société depuis 2006, Dominique Frêlon a aussi relevé un challenge d’une toute autre nature depuis 2008 : «j’ai embauché pas mal à partir de cette date et c’est vrai que j’avais du mal à m’organiser face à cette nouvelle donne –raconte D. Frêlon-. On a alors décidé de réaliser un diagnostic RH avec la Chambre de métiers puis on a repris une formation avec la Capeb –poursuit son épouse ». Cet exercice « nous a beaucoup apporté » reconnaît Dominique Frêlon qui a depuis délégué la gestion de ses chantiers à ses équipes. « Depuis cette formation, j’organise des réunions mensuelles avec tous les salariés et plus régulièrement encore, je retrouve mes quatre chefs d’équipe. Ce sont des rendez-vous auxquels je ne déroge pas ! ». Challenge réussi là-aussi ! À quand le prochain défi ?
STA/5-06-2015