Dossier spécial secteur de l'édition // Pour Patrick Binet, « il fallait trouver la bonne équation »
Ingénieur en mathématiques et docteur en administration des entreprises, Patrick Binet a attendu la retraite pour retrouver sa Touraine natale et décider de créer les Editions PBCO. Après avoir créé et géré des sociétés qui comptaient 150 salariés de 1973 à 2003 dans le secteur informatique et l’édition de logiciels, il a cherché la bonne équation pour éviter de repartir dans un travail titanesque tout en trouvant l’équilibre financier. Il nous explique ses choix.
« Lorsque j’ai quitté la Touraine pour m’installer à Grenoble, je pensais revenir trois ans après. Mes activités professionnelles ont guidé autrement le cours des choses, mais j’ai toujours eu cet objectif », explique Patrick Binet qui appelle sa Touraine de cœur l’axe entre Amboise et Preuilly-sur-Claise. Après un arrêt brutal et mal supporté de toutes ses obligations professionnelles, Patrick Binet a souhaité reprendre une activité tout en évitant la course aux chiffres. « J’aimais le livre, j’avais des connaissances sur les grands principes juridiques qui régissent les métiers du livre, j’aimais la Touraine, l’histoire et le patrimoine, mon choix s’est donc très vite tourné vers l’édition », explique cet entrepreneur dans l’âme.
« Trouver la bonne équation »
Si l’objectif de Patrick Binet n’était pas de faire fructifier les gains, il ne s’agissait pas non plus de perdre de l’argent. Pour parvenir à trouver le juste équilibre, il a lui aussi cherché le meilleur modèle économique entre la qualité éditoriale, le mode de distribution et les coûts de production. « Tout d’abord, je ne voulais pas être dépendant d’un distributeur, il fallait donc que mes livres se vendent localement. Je me suis donc tourné uniquement vers des points de vente en Touraine. Ce choix correspondait également à mes centres d’intérêt puisque d’un point de vue éditorial, je me passionne pour ma terre natale. Le choix était donc stratégique mais aussi de cœur », explique l’éditeur. « J’avais bien entendu décidé de ne pas avoir de salariés, et de gérer l’ensemble tout seul ». Un pari qui n’a pas effrayé cet infatigable entrepreneur qui a sillonné le monde pour développer ses entreprises.
Stratégie de vente et marketing
« En Indre-et-Loire, il y a 35 points de vente potentiels avec 50 % du marché qui se situent à Tours. Mes livres pouvaient donc être présents dans les librairies d’Indre-et-Loire, les maisons de la presse, les espaces culturels des supermarchés lorsqu’il y a un responsable local des achats ou encore la FNAC », explique Patrick Binet tout en précisant que les Lochois ont beaucoup d’intérêt pour leur histoire et le patrimoine. Côté ligne éditoriale, Patrick Binet a toujours privilégié les compétences des auteurs, la qualité des illustrations, tout en visant un public assez large. « Tout compte, il faut bien sûr que la couverture et la quatrième de couverture soient irréprochables et donnent envie d’acheter le livre, mais les textes ne doivent pas décevoir et ils doivent être de qualité », mentionne l’éditeur. Patrick Binet imprimait entre 1 000 et 1 500 exemplaires parfois 2 500, et certains livres ont été réédités. Il a édité 35 ouvrages, et il a fait le choix difficile de cesser son activité en 2018. « Même si je n’édite plus, je continue à vendre mes livres, et mon activité n’est donc pas complètement terminée », explique-t-il en mentionnant que sa maison d’édition affiche des comptes à l’équilibre. « Lorsque l’on est éditeur, on investit beaucoup avant de gagner. Il y a les illustrations, la maquette, le tirage et l’impression, le marketing, les auteurs à rémunérer avant de toucher un centime. On fait tout ce qu’il faut, mais quelquefois on atteint le point mort très vite et quelquefois on perd, il faut accepter cet aléa », conclut Patrick Binet en ajoutant « j’ai été payé par le plaisir de le faire ».