Publié le 12/05/2016
Fromagerie Maurice Neuilly-Le-Brignon

Viviane Maurice : une reconversion choisie et réussie

La fromagère a le nez fin. Viviane Maurice est aujourd’hui à la tête d’une fromagerie dont les ventes sont en constante progression. Agricultrice, elle s’est lancée, avec son mari dans la transformation du lait produit sur l’exploitation familiale il y a 6 ans. Aujourd’hui ses fromages au lait entier, son riz au lait, ses crèmes dessert et ses yaourts séduisent bien au-delà des frontières de la Touraine. Retour sur un parcours atypique et une véritable réussite.

De la production de lait à la création de fromages, il n’y a qu’un pas… que Viviane Maurice et son mari, Christophe, ont franchi en 2010. A l’origine, ni l’un, ni l’autre ne se destinait à la fabrication de produits laitiers. Christophe avait repris l’exploitation agricole familiale à Neuilly-Le-Brignon. Viviane travaillait à ses côtés « j’ai quitté l’école à 18 ans sans avoir mon Bac, j’avais des problèmes avec l’autorité ! ». Pendant plus de 10 ans, le couple fait tourner la ferme produisant lait et céréales. Viviane et Christophe décident de développer l’activité laitière. Leur troupeau va compter une centaine de vaches. L’exploitation produit 900 000 litres de lait par an. Mais le prix du lait ne cesse de baisser. Il ne leur permet plus de vivre de leur activité. Les deux exploitants décident de se diversifier. En 2009, leur fils vient de passer son Bac pro productions animales. Ensemble, ils décident d’ouvrir une fromagerie. « Au départ, on faisait des tomes ». Rapidement, les Maurice souhaitent mettre au point un camembert… mais tout ne se passe pas comme prévu. « Il devenait gris parce qu’il était contaminé par les spores de la croute des tomes qui étaient pourtant affinés dans une autre pièce ». Le fromage ne présente aucun risque du point de vue sanitaire mais « sa couleur le rend impossible à vendre ». Le couple ne se décourage et pas décide de se lancer dans la fabrication d’un fromage « type reblochon ». « Il était super bon » mais problème, en s’affinant « il devenait jaune fluo ». Viviane et Christophe décident alors de se concentrer sur la production de yaourts et de tomes au lait de vache. Un vrai défi au pays du Sainte-Maure de Touraine.

« Notre production de yaourts a augmenté de 1 200 % en 5 ans »

Le défi sera gagné même si la première année est « compliquée ». Les ventes ne décollent pas. Le couple doute. En 2010, il passe un accord avec le GAEC Limouzin au Petit-Pressigny. Producteur de fromages de chèvres et de viande bovine, ce dernier est l’un des associés de La Charrette des Producteurs. Située à Chambray-lès-Tours, le magasin  permet à 13 producteurs locaux de vendre viandes, fruits, légumes, produits laitiers… en circuit court, directement du producteur à l’acheteur. La Fromagerie Maurice se fait alors connaître… et apprécier. Ses fromages et yaourts au lait entier séduisent les consommateurs en demande de produits authentique et locaux. Le bouche à oreille fonctionne. En 5 ans, la production passe de 300 pots de yaourts à… 36 000 chaque semaine, soit près de 2 millions par an ! La fromagerie produit également 4 tonnes et demi de tome fermière et de « Bourdel », une spécialité affinée au vin de Vouvray. L’entreprise franchit un cap et doit s’agrandir : une nouvelle salle de production ainsi qu’un second local pour l’affinage sont construits. Des travaux financés avec le soutien de la Communauté de communes de la Touraine du Sud et du Conseil départemental. Au total, 300 m² viennent d’être inaugurés en avril.

« En 2014, notre riz au lait nature a reçu la médaille d’or au concours général de l’agriculture à Paris »

La fromagerie propose désormais une trentaine de références. Fromages, yaourts nature et aux fruits, semoule au lait, riz au lait saveur rhum-raison, caramel ou chocolat. « En 2014, notre riz au lait nature a reçu la médaille d’or au Concours général Agricole à Paris ». Aujourd’hui, on trouve de plus en plus facilement les produits Maurice. « On vend au niveau local et jusqu’à Orléans au nord, Poitiers, Châteauroux au sud ».  La fromagerie fournit également les cantines de plusieurs collèges et lycées. L’histoire est belle, le succès est bien là. Seul bémol : « Cela fait cinq ans que l’on n’a pas pris de vacances ! ».

 

STA/12 mai 2016