Publié le 25/07/2016
EGEF Beaumont-Village

Paul Lefranc : l’homme qui murmure à l’oreille des oiseaux

Depuis 30 ans, Paul Lefranc vit entouré d’oiseaux et d’animaux sauvages. À la tête d’EGEF (Entreprise générale d’effarouchement, fauconnerie et capture de pigeons), il intervient avec ses rapaces auprès d’entreprises et de collectivités. Il participe également aux tournages de documentaires animaliers.

Au Moulin de Bréviande, on dort parfois sur la paille. C’est ici, à quelques kilomètres de Montrésor que vit Paul Lefranc. Dresseur d’animaux sauvages, il passe de temps en temps la nuit avec ses bêtes afin de les habituer à la présence de l’homme jusqu’à la rendre nécessaire. « Je transforme même mon salon en nurserie pour animaux, je dors avec eux pendant plusieurs semaines et je les nourris au biberon ». On parle alors d’imprégnation. Ses oies, renards, sangliers, loutres d’Europe… participent ensuite aux tournages de documentaires animaliers. « Il y a quelques années, on filmait les animaux dans la nature. Ensuite, on écrivait un scénario en fonction des images que l’on avait puis on montait un film. Aujourd’hui, tout a changé. Tout est écrit avant d’être tourné. Les animaux doivent être capables de faire ce qu’on leur demande. » Dernier tournage en date, une coproduction internationale intitulée La plus belle ville du monde et consacrée à Paris. Plus d’une quinzaine d’animaux y sont mis en scène. Des animaux sauvages comme le renard, la fouine ou la chouette hulotte qui vivent et prospèrent dans la capitale souvent à l’insu des hommes. En regardant l’émission, le spectateur assistera par exemple au piqué d’un faucon - équipé d’une caméra haute définition - du deuxième étage de la Tour Eiffel vers les jardins du Trocadéro. En quelques secondes seulement, il atteint sa cible située à quelques centaines de mètres. Un spectacle bluffant qui sera diffusé sur M6 en fin d’année.

Leader français de l’effarouchement et de la solution pigeon

Passionné d’oiseaux depuis son enfance, Paul Lefranc s’est formé à la fauconnerie avant d’en faire son métier il y une quinzaine d’années. Outre les films animaliers, l’homme est également effaroucheur d’oiseaux comme les pigeons, corbeaux, corneilles ou  étourneaux. « J’étais éleveur de volailles et fauconnier. Un jour, quelqu’un m’a appelé pour chasser des pigeons dans son entreprise ». L’expérience est concluante, elle se renouvelle alors  grâce au bouche à oreille, puis se professionnalise. Aujourd’hui, les 12 fauconniers d’EGEF interviennent partout en France. L’entreprise se présente désormais comme le « leader français de l’effarouchement et de la solution pigeon ». « En une nuit, nos rapaces sont capables de neutraliser une cinquantaine de pigeons dans un entrepôt. » Aujourd’hui, ces interventions dans les cités et barres d’immeubles, sites industriels, entrepôts logistiques, centres culturels et commerciaux représentent 80% de son activité... EGEF intervient par exemple dans une raffinerie de pétrole du Nord de la France. Une gigantesque colonie de plusieurs centaines de milliers d’étourneaux vient y trouver refuge chaque année, pendant la période hivernale. Le site de 700 hectares est en effet équipé de plusieurs kilomètres de tubulures chaudes et de passerelles qui constituent autant de perchoirs. Et que trouve-t-on sous un perchoir ? Du guano. « Sur le sol, il y en a jusqu’à 40cm. C’est une matière noire, visqueuse, grasse et qui sent très mauvais. En plus de cela, c’est glissant et très dangereux ». Il y a aussi les risques d’incendie. « Lorsque la matière se déshydrate, elle peut s’embraser à la moindre étincelle ». Pour expulser ces indésirables, cinq fauconniers sont présents sur place pendant 3 mois avec leurs chasseurs volants : des buses de Harris. « Ce sont des oiseaux très faciles à utiliser. Ils s’organisent entre eux pour chasser. On peut en lâcher dix à la fois, ils ne s’agressent jamais entre eux contrairement à d’autres espèces ».

Autre volatile qui nécessite l’intervention de cette entreprise de Beaumont-Village : le goéland argenté. Elégant, puissant, gracieux… s’il représente pour le promeneur des côtes picardes un spectacle majestueux, pour les entreprises locales, c’est une toute autre affaire. En période de reproduction, l’oiseau est un véritable fléau. Il installe son nid sur le toit des usines et ne vient pas seul… Jusqu’à 1 000 individus peuvent prendre possession des lieux. « Ils sont extrêmement agressifs et s’en prennent aux opérateurs qui ne peuvent plus circuler librement. Les goélands tapent du bec sur les casques, font un bruit étourdissant et régurgitent du poisson sous les fenêtres des bureaux… »

Une nécessaire restructuration de l’entreprise

Il y a 2 ans, le métier a changé. Alors qu’EGEF était presque seul sur le marché, des entreprises spécialisées dans la dératisation et la désinsectisation sont venus marcher sur ses plates-bandes. « Ils ont ajouté à leur palette de services l’effarouchement par la fauconnerie ». Pour l’entreprise, ça a été un choc. Elle se trouve en peu de temps face à une concurrence très structurée, avec de véritables services commerciaux. Paul Lefranc fait alors appel à un consultant extérieur. Ensemble, ils mettent en place une démarche commerciale plus performante. Elle permet à EGEF « de passer d’une entreprise familiale de passionnés à une entreprise beaucoup plus organisée ». Aujourd’hui, l’entreprise s’est diversifiée et  « tourne plus fort ». Elle fournit par exemple au Bodin’s, un duo comique bien connu, les animaux de ferme et de compagnie présents sur leur tournée : un âne, une chèvre, un cochon, des poules, des lapins et un chien… On ne parle plus de faune sauvage mais du point de vue réglementaire cela ne simplifie en rien les choses. « Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, pour emmener ne serait-ce qu’un chien sur scène ou sur un plateau de télé, il faut un tas d’autorisations ».

STA - 25/07/2016

Poursuivez la visite en grand format...